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La Bahía de Cádiz en fête

De tous temps, Cádiz a été connue et reconnue pour son sens de la liberté, son côté permissif, son esprit moqueur, sa mentalité bon enfant. Le gaditano est toujours de bonne humeur. Dans ces conditions, il est normal que le carnaval s’y soit développé pour devenir LA fête incontournable de la Bahía de Cádiz. Ici, pas de feria mais un carnaval qui ne s’arrête jamais.

 

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Bahía de Cádiz – Pour retrouver l’ambiance vraie des carnavals d’antan, il faut venir à Cádiz et vous plonger au cœur des vieux quartiers de cette ville trois fois millénaire. A l’inverse de Santa Cruz de Tenerife, le carnaval de Cádiz se vit intensément. Pas de chars pavoisés de dorures, pas de jeunes femmes juste habillées d’ors et de paillettes, pas de sambas répétées à l’envi. La fête envahit les rues. La fête réveille les bars d’un autre âge (qui font le charme de la ville). La fête rassemble une population fière de ses origines et de son esprit mutin (qui en font les espagnols les plus agréables à vivre).

 

 

Une bien vieille histoire

 

Le carnaval en général tire ses origines des fêtes antiques en l’honneur des dieux Bacchus (Bacchanales), Saturne (Saturnales) et Pan (Lupercales).

 

Le passé commercial de Cádiz a provoqué un brassage racial et culturel sans pareil et enrichissant. Une fois n’est pas coutume.

Au cours de la seconde moitié du 15ème siècle, commerçants génois, marins des quatre coins du Monde et esclaves africains apportent une nouvelle façon de faire la fête. Au fil du temps, celle-ci va s’enraciner dans la vie locale au grand dam du clergé qui voit d’un mauvais œil leurs ouailles faire bombance (carnestolendas) à l’approche du carême. Rien n’y fait et le carnaval prend de plus en plus d’ampleur. On rompt l’ordre social. On abolit les classes. On s’exprime sans risque de répression. On libère ses instincts.

 

Sous l’occupation française – 1810 à 1813 – le carnaval prend une forme plus politique. Il devient l’occasion de résister à l’envahisseur que l’on moque à qui mieux mieux. Aujourd’hui encore, les français portent toujours le sobriquet « familier » de gabachos, du nom des guêtres que portaient les soldats napoléoniens.

 

Sous le Franquisme, le carnaval – de Cádiz et d’ailleurs - est purement et simplement interdit. Pourtant, une « fiesta tipica gaditana » le remplace. Elle a lieu au mois de mai. A s’y méprendre, une fête carnavalesque hors du temps. Cependant, autour du Mardi-gras, les bars et autres lieux privés organisent des animations sous cape. L’esprit moqueur et satyrique est toujours bien présent et attend son heure pour revivre à la lumière.

 

Cette heure sonne à la fin des années septante. Le carnaval renaît de ses cendres pour le plus grand plaisir des gaditanos et des espagnols en général. Au fil des ans, il prend une ampleur telle que le risque d’être dépassé par le succès n’est pas exclu. La fête s’ouvre au Monde même si son esprit reste très local.

 

 

Carnaval toute l’année

 

Si le moment fort reste la semaine du Mardi-gras, le carnaval est affaire de toute l’année… pour les participants comme pour les spectateurs.

 

Chirigotas, comparsas, coros et cuartetos se préparent au concours. Ces groupes musicaux se différencient par le nombre de membres et le style musical mais ont en commun la critique des faits – de l’actualité, récurrents, politiques, historiques,… - qui ont marqué l’année. Ainsi, en 2014, les membres de la famille royale ont dû avoir les oreilles qui sifflaient tout comme les différents ministres et édiles locaux. En 2016, les Catalans et Kichi, l'ineffable alcalde issu du parti de gauche radicale "Podemos" sont l'objet des quolibets. La crise et ses conséquences désastreuses forment aussi une source d’inspiration. Le répertoire des finalistes doit être conséquent afin de maintenir le public en haleine.

Les chirigotas font rire, les comparsas égratignent, les coros jouent de la voix et les cuartetos manient l'ironie... même si, avec le temps, ces tendances se sont mêlées. Ainsi tous adoptent le tanguillo (tango de Cádiz), une ode à la femme gaditana, le chant populaire par excellence de la tierra de Cádiz.

 

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Si la guitare et les percussions composent les instruments majeurs de ces formations musicales, il en est un autre typique de Cádiz qui ne peut manquer, le pito. Il s'agit d'un sifflet de bois dont la tonalité se rapproche un peu de celle des mirlitons.

 

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Des quidams foulent la scène de l’illustre Gran teatro Manuel de Falla. Dès les premières éliminatoires, la foule se pousse aux portillons. Pour la finale, ils seront 200.000 à espérer l’un des huit cents tickets disponibles.

 

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Esto si que es una chirigota remporte le concours 2014 avec le Consejo de los ministros

 

 

 

La désignation des vainqueurs (un par catégorie) marque l’ouverture officielle des festivités du carnaval.

Le jury juge la qualité vocale mais aussi – et surtout – l’originalité des paroles, les costumes, le décor, la chorégraphie, la prestation d’ensemble,… Les réactions du public ne sont bien sûr pas sans influencer son choix. Choix souvent cornélien qui emmène tout ce beau monde jusqu’aux premières lueurs du jour. Le record est tombé le 25 février 2017. Le spectacle aura duré près de douze heures avant que le jury ne rende son verdict. Il était 08.50 heures.

Il va s’en dire que le carnaval terminé, on pense déjà à l’édition suivante.

 

Une sommité locale est invitée à prononcer le discours inaugural au cours du pregón de carnaval (annonce publique).

 

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La cavalcade regroupe associations ayant pignon sur rue mais aussi monsieur Tout-le-monde pour autant qu’il porte un déguisement. Le cortège suit un itinéraire imposé avant d’exploser dans la vieille ville. Débutent dix jours de folie, mais de folie douce.

 

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Le carnaval est aussi la fête des enfants. Au cours de pasacalles infantiles, ils sont invités à mettre de l’ambiance, une sorte d’apéritif pour la sortie du soir.

 

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A tour de rôle, les quartiers accueillent le carrusel de coros. L’âme de Cádiz, c’est dans le barrio de la Viña que l’on s’en imprègne.

Certains parmi les groupes musicaux qui ont participé au concours, montés sur des chars, se produisent pour le plus grand plaisir d’un public acquis à la cause. Los callejeros ou ilegales ne sont pas en reste. Ilegales parce que n’ayant pas pris part au concours officiel. Ils n’ont pas été retenus ou plus simplement, n’ont pas voulu participer. Une placette, un coin de rue, un escalier fait office de scène improvisée. Les spectateurs apprécient.

 

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Spectateurs mais aussi participants. Grimés, costumés, masqués ou simplement affublés d’un accessoire, ils contribuent à l’ambiance festive des rues de Cádiz.

 

Pas de fête sans boire ni manger. Les différentes associations organisent des dégustations de plats typiques. Une façon de connaître la gastronomie locale pour pas cher tout en restant dans l’ambiance. L’écot perçu contribue au financement du groupe et est garant du succès de l’édition suivante.

 

Un feu d’artifices marquera le début – ou la fin officielle – des festivités.

 

Mais à Cádiz, rien ne se termine vraiment. Il est possible de retrouver les chirigotas au cours de l’année. En effet, au mois d’août, los martes del carnaval sont destinés à se remémorer combien ces groupes musicaux sont bourrés de talent.

 

Pisha, l’año que viene, vente pa Cai pal carnaval. Te queda un año pa aprender el gaditano y disfrutar de la fiesta callejera. ¡ Venga, pisha ! Un año es mucho pero en Cai, no es ná. El carnaval dura tol año. ¡ Viva Cai !  

 

 

Bons plans

 

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Le parking reste problématique dans toutes les grandes villes espagnoles, Cádiz plus que les autres de par sa position géographique. Si vous ne logez pas à Cádiz, préférez le train à la voiture. L’offre est renforcée lors des jours essentiels du carnaval. San Fernando, Puerto Real, El Puerto de Santa Maria ou Jerez de la Frontera constituent des bases faciles d’accès.

 

Si l’ambiance est internationale, les chansons sont en cristiano, voire même en gaditano. Indispensable de connaître la langue pour apprécier ces satyres à leur juste valeur. Si certaines provoquent le fou-rire (chirigotas), d’autres vous retournent les tripes (coros). Un point commun cependant : l’optimisme.

 

Différentes associations ouvrent leurs portes et proposent de la comida casera. N’hésitez pas ! Entrez ! Vous y mangerez à votre faim sans grever vos finances. D’ailleurs, l’esprit est à la fête et pas au négoce. Une bouteille de Moscatel, vino de la tierra de Cadiz, pour sept euros, la bière à un euro,… qui dit mieux ?

 

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Malgré le nombre de visiteurs, Cádiz reste propre. Même les poubelles font la fête et des plans indiquent où trouver des toilettes publiques. Rien de comparable avec ce que j’ai pu connaître dans le Nord (Binche, Mons, Namur,…) où les ivrognes cuvent dans leur urine et leur vomi. Ici, le carnaval est synonyme de fête et non d’errance « birographique ».

Cela, c'était avant.

Avant quoi ?

Avant l'arrivée de Kichi le (mauvais) clown qui préside aux destinées de la ville. Lors des élections municipales de 2015, Podemos - parti de gauche radicale - a eu le privilège de désigner l'alcalde. Je crois que les gaditanos ne pourront que s'en souvenir en 2019, lors du prochain scrutin. Plus d'illuminations qui faisaient la fierté de Cádiz, plus (ou très peu) de membres des services d'ordre dans les rues, plus d'équipes de nettoyage permanentes,... la ville est devenue un dépotoir à ciel ouvert où il faut se frayer un passage entre bouteilles de moscatel et de fino jonchant le sol, assiettes et verres de plastique abandonnés au pied de poubelles qui attendent vainement d'être vidées, ivrognes tentant de retrouver un peu d'équilibre,... Pauvre Cádiz ! 

 

 

 

 



10/03/2014
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