festivites-andalouses

Entre la Vierge et l’Andalousie, il s’agit d’une longue histoire d’amour sans anicroches. Pas une ville, pas un village, pas un quartier pour ne pas vénérer la Vierge, sa Vierge. Cette dévotion ponctue le calendrier festif andalou mais trois dates se veulent plus marquantes encore :

 -    8 septembre :        naissance de la Vierge

 -   16 juillet :                Virgen del Carmen, sainte patronne des pêcheurs

 -   15 août :                 Assomption ou montée au Ciel de la Vierge

Cette dernière fête prend parfois des tournures particulières comme dans le quartier d’El Rinconcillo (Termino municipal de Algeciras).

El Rinconcillo – Face au Rocher de Gibraltar, la petite plage d’El Rinconcillo n’a rien de bien engageant, coincée qu’elle est entre le port d’Algeciras et la raffinerie de Guadarranque. Pourtant, la foule s’y pousse en ce 15 août, fête de l’Assomption.

Au clocher de la chapelle, l’horloge a déjà sonné midi depuis un bout de temps. Le ballet d’embarcations à quelques encablures de la plage pourrait sembler étrange. Il n’en est rien. Ce sont les membres du Club de plongée local « El Estrecho (le Détroit) » ainsi que des sympathisants. Pour eux, cette journée exceptionnelle a débuté aux aurores lorsqu’ils ont quitté le port.

Par quinze mètres de fond, dans une petite grotte, séjourne une statue de la Vierge, la Virgen de la Palma, sainte patronne d’Algeciras et alcaídesa perpetua (mairesse perpétuelle). Chaque année, en ce jour festif, elle est remontée à la surface et offerte à la dévotion des habitants.

Un bateau se démarque des autres par ses décorations. Il s’agit de l’embarcation qui a l’insigne honneur de ramener la Vierge vers la plage où les membres de la Sociedad federada de pesca deportiva « El mero » l’attendent.

Une haie humaine s’étire jusque dans la mer. Elle accompagne les porteurs, ceux-là mêmes qui ont plongé voici quelques instants. L’alcalde (maire) d’Algeciras passe la médaille commémorative au cou de la Vierge. Des gerbes d’eau en marquent la progression.

La statue retrouve sa grotte, reconstituée à l’air libre pour la circonstance.

La veuve d’un pêcheur est chargée de l’y placer symboliquement.

En une longue procession, la population se presse alors et se prosterne devant leur sainte patronne.

Le temps manque. Bientôt vingt heures. L’office religieux est célébré à même la plage avant que la Vierge ne retrouve sa grotte au fond de la Bahía qui s’éclaire de mille feux pour la circonstance.

Une statue miraculeuse

Le culte de la Virgen de la Palma remonte à la fin du XVIIème siècle.

Un navire italien doit rejoindre le port d’Algeciras en raison du mauvais temps. A chaque fois qu’il désire reprendre le large, les vents contraires se lèvent et obligent le bateau à rejoindre le quai. Transborder la cargaison ne solutionne pas les difficultés.

La population locale y voit un signe. Une statue de la Vierge, enfouie dans un coffre, ne désire pas aller plus loin. Coïncidence ou pas, elle porte dans la main, une palme alors que la sainte patronne locale est justement la Virgen de la Palma depuis qu’Alfonso XI ait reconquis la ville et consacré la mosquée en église, le dimanche des Rameaux (dimanche précédant Pâques) 1344.

En 1975, la Sociedad federada de pesca deportiva « El mero » décide d’organiser un “ pèlerinage maritime”, le premier en Espagne. Mais en 2000, impossible de retrouver la statue que les courants ont rendu à l’océan.

Le sculpteur Nacho Falgueras est chargé d’en présenter une copie. Depuis, chaque mois, une équipe se charge de l’entretien de la statue (arrimée) et veille à ce que les courants sous-marins ne l’emportent plus.