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Le regard du pêcheur

Les saints et la Vierge rythment le calendrier festif espagnol. Pas une semaine sans qu’un village ou une ville ne soit le cadre de cérémonies en leur honneur. Certaines commémorations sont grandioses voire spectaculaires. D’autres sont beaucoup plus intimistes, ce qui ajoute encore aux convictions d’un public tout acquis à l’événement. Ainsi, le 16 juillet, les pêcheurs à travers l’Espagne mais plus particulièrement en Andalousie, vénèrent leur Vierge protectrice, la Virgen del Carmen.

 

La Linea de la Concepción – Si elle ne se trouvait à la frontière avec le rocher de Gibraltar, cette ville populeuse de la Bahía d’Algeciras n’attirerait même pas le regard. Rien à visiter et le manque de fonds endémique a eu raison des quelques sites qui auraient pu attirer le chaland.

 

 

Face à la plage du Levante, des petites maisons alignent leur rigueur qu’un coup de peinture a quelque peu apaisée. Nous sommes dans le barrío de la Atunara, l’un des plus pauvres de la ville. A quelques encablures, la chapelle de la Virgen del Carmen et plus loin encore, le port de pêche.

 

 

L’office religieux s’achève. Ceux qui n’ont trouvé place dans le petit oratoire sont rassemblés devant pour assister à la sortie de la Vierge montée sur une barque. Tout le quartier est là. Ceux que l’âge cloue sur place ne manquent pas l’événement. Quelques chaises placées sur le parcours de la procession les accueilleront, le temps de se signer et de lancer quelques fleurs au passage de la Vierge.

Pêcheurs des temps révolus lorsque les filets chargés tailladaient les chairs et usaient les muscles. Pêcheurs des temps modernes lorsque la technologie vient en aide et améliore les rendements. Ils sont tous réunis pour vénérer la même Vierge. Tous ont une pensée pour ceux que la mer a pris, un jour où elle était mauvaise. Un parent, un ami ! La mort, ils vivent avec elle ! La mort, oui ! Mais la bonne mort, désirée par tant de marins ! Les jeunes ont une pensée pour les anciens que la mer ne veut plus. Les anciens ont une pensée pour que la mer et la mort « oublient » ces jeunes qui l’affrontent pour (sur)vivre au quotidien.

 

Le quartier s’épanouit

 

 

Au rythme de la banda, le cortège entame son périple jusqu’au port. En tête, le gonfalon de la confrérie qu’accompagnent quelques notables.

 

 

 

La reine et ses dames portent la tenue traditionnelle pour pareille occasion, robe flamenca et mantille.

 

 

 

Vient enfin la Vierge dressée sur une barque. De nombreux fidèles l’accompagnent jusqu’à l’embarcation qui l’emportera en mer… pour autant qu’elle le veuille bien (1). Un honneur pour le capitaine que le sort a désigné.

 

La flottille de bateaux de pêche, toute sirène dehors, part au large.

Laissons-les entre eux ! Il serait malvenu de perturber ce moment d’intenses prières. Requêtes pour l’année qui s’ouvre et remerciements pour une grâce accordée se mêlent et atteignent le cœur de la Virgen del Carmen.

 

Ils s’en reviennent au port. La procession refait le chemin en sens inverse et la Vierge de rejoindre une année durant, sa petite église à front de mer. La soirée et une partie de la nuit, elle sera bercée par les chants et les danses des habitants de la Atunara. Demain est un autre jour ! Demain, il faut embarquer aux aurores et s’en remettre au bon vouloir de la mer… et de la Virgen del Carmen.

 

 

(1) Le 16 juillet 2012, la mer était trop forte. Les pêcheurs sont restés au port non sans avoir salué la mer.

 

 



25/11/2013
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