festivites-andalouses

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Une fin d'année haute en couleurs

Partout dans le monde chrétien, la Noël revêt un caractère très particulier. Les traditions diffèrent d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre, mais célébrer la naissance de Jésus reste toujours un événement festif de grande ampleur. Et puisque le changement d’année est proche, voilà un autre motif de festoyer. En Espagne, les enfants ne sont pas en reste puisqu’ils attendent fébrilement la venue des Rois mages les bras chargés de cadeaux.

 

Cádiz : Symbolisé peut-être mais il s'agit toujours d'un sapin

 

Andalousie – Le premier dimanche de l’Avent (quatrième dimanche précédant la Noël) se profile au calendrier que les préparatifs pour la fête de Noël entrent en phase terminale. Il s’agit maintenant de sortir au grand jour le fruit de plusieurs semaines de travail. Crèches et santons, sapins et boules, guirlandes et illuminations reprennent vie… pour cinq semaines.

 

Même en Andalousie, la patinoire est indissociable des fêtes de fin d'année.

 

Des villages de tentes ou de chalets apparaissent le temps de profiter des plaisirs du moment.

 

Zambomba ou la fête spontanée

 

Pas de fête sans musique !

Et comme la Noël se caractérise par ses chants et cantiques, profitons-en !

 

 

 

Zambomba flamenca dans les rues de Cádiz. Les gitans n'ont pas leur pareil pour créer l'ambiance.

 

En des temps pas très lointains mais aujourd’hui révolus, les habitants d’un patio de vecinos ou de la rue se réunissaient autour d’un brasero et préparaient la polea (mélange de farine, eau, lait, sucre, huile d’olive, citron, cannelle et parsemé de croutons).

 

Pour la polea, tout le monde met la main à la pâte.

 

Si, en temps normal, ils conversaient, en cette période de Noël, ils chantaient. Pour accompagner le chœur, quelques instruments et objets sortis de leur contexte. Une bouteille d’aguardiente (liqueur d’anis) parce que crénelée que l’on frotte avec un bâton. Une baratte vide sur laquelle on tend une peau ou une toile que traverse un bâton que l'on manipule de bas en haut pour émettre un son grave et étouffé. Cela se rapproche le plus de la zambomba utilisée par les bergers. Cet instrument semble originaire d'Afrique, du Congo plus précisément, et aurait été importé par les esclaves dès le 15ème siècle.

 

 

 

Aujourd’hui, la plupart des zambombas ont perdu ce côté spontané et bon enfant. Quoi que... ! Les établissements et autres associations invitent le public autour d’un groupe musical connu et reconnu. L’occasion de se retrouver entre amis autour d’une spécialité culinaire locale préparée pour la circonstance.

 

 

 

Aguinaldo (les étrennes)

 

Autre tradition qui tend - malheureusement - à disparaître, l'Aguinaldo. À l'approche de Noël, les enfants, grands et petits, parcourent les rues du village ou du quartier en poussant le villancico (chant de Noël). En échange - et en fonction de l'âge des chantres -, ils reçoivent une pièce, des friandises ou les polvorones et aguardiente. Il n'est pas rare que le groupe se déguise pour la circonstance et ici, place à l'originalité.

 

 

Polvorones et aguardiente

 

Spécialité culinaire ! En cette période de fin d’année, réapparaissent quelques « douceurs » typiques. Les polvorones, par exemple ! Une spécialité de Estepa, petite ville de la province de Sevilla, bien que d’autres fabricants existent à travers le pays. Il s’agit d’un mélange de farine, beurre et sucre cuit dans un four à très haute température. Il a la particularité d’être poudreux (polvo = poudre) au moment d’en consommer. On estime à cent vingt tonnes, la production annuelle.

 

 

Mantecados (similaires aux polvorones), alfajores (lire l’article sur Medina Sidonia) ou turrón (sorte de nougat) complètent l’offre. Nombreux sont les commerçants - quelle que soit leur secteur d’activités - qui proposent à leur clientèle de déguster ces sucreries arrosées d’un verre d’aguardiente.

 

Des crèches originales

 

 

L'Ayuntamiento de Cádiz ressemble à un gros cadeau offert à sa population (2012)

 

Les rues s’éclairent de mille feux… malgré la crise. Les municipalités privilégient la qualité à la quantité.

Les boutiques portent leurs habits de fête.

Les maisons privées n’hésitent pas à s’ouvrir vers l’extérieur.

Il est, en Andalousie, une tradition très ancienne qui consiste à monter de merveilleuses crèches qui peuvent, au fil des ans, prendre des proportions importantes. Fruit du travail des membres d’associations ou simplement engouement d’un particulier, elles présentent, autour de la Nativité, des scènes de la vie quotidienne… à l’instar de ce que l’on peut admirer en Provence. Quelques sujets sortent de l’ordinaire, comme le cagón. Il est différent chaque année. Il prend souvent les traits d’un personnage peu apprécié dans l’année et est présenté en position pour le moins particulière… en train de déféquer.

Un parcours permet au public de découvrir ces réalisations qui font l’objet d’un classement.

Ces crèches vivent au fil des jours. Pas question d’y trouver l’enfant Jésus avant le 25 décembre ou les Rois mages en adoration avant l’Epiphanie. Par contre, Marie sur l’âne tiré par Joseph ou les Rois mages sur leur monture respective progressent de jour en jour dans le décor.

 

 

 

 

Il ne faut pas, non plus, passer sous silence les crèches vivantes. On ne se pose pas la question si ces gens-là seront offusqués ou pas, villes et villages deviennent des crèches le temps d'un week-end ou d'une journée. Organisation de la commune ou d’associations culturelles, elles peuvent compter plusieurs centaines de participants. Les artisans jouent leur propre rôle. Le visiteur, venu en un grand nombre, déambule parmi les échoppes et les établis jusqu’à atteindre la scène de la Nativité.

 

 

El más gordo

 

Les loteries appartiennent au quotidien de l’espagnol.

Il en est une cependant qui dépasse tout entendement, la loterie de Noël. Elle compte parmi les plus importantes au Monde.

 

 

Dès l’été, les 180 millions de billets sont en vente partout en Espagne pour un montant total de trois milliards six cents millions d’euros. Les émigrés s’en procurent par le net. Tout ou presque est vendu. Les files s’étirent devant certaines librairies, certains points de vente - Manolita à Madrid, par exemple – pour avoir déjà vendu el gordo (quatre millions d’euros).

Le grand tirage a lieu le samedi précédant la Noël.

Il fait l’objet d’une retransmission télévisée en direct. Peu de gens dans les rues.

Sur la scène du Teatro real, deux immenses cages contiennent d’une part, les cent milles numéros et d’autre part, les 1.807 prix représentant deux milliards cinq cents vingt millions d’euros. Les roues tournent. Un numéro tombe dans le réceptacle ainsi que le prix qui lui est attribué.

Les élèves de l’école San Ildefonso (Madrid) sont chargés, depuis 1771, de chanter les numéros gagnants.

Très vite, il est possible de situer les endroits où se sont vendus les séries d’el gordo. Les télévisions convergent  pour faire vivre la fête improvisée. Les bouchons de cava sautent. Le vin pétille dans les verres. Voilà des jours meilleurs en perspective !

Et les nombreux déçus ?

Ne vous en faites pas pour eux ! La loterie d’el niño (Epiphanie) leur sourira peut-être.

 

La Noël en famille

 

Fin décembre. Gares et aéroports vivent une transhumance plus importante encore que durant les mois d’été. Les familles dispersées pour mille et une raisons, se recomposent pour la circonstance.

Le réveillon a conservé toute sa signification. On mange en famille avant de se rendre à la messe de minuit. Pas question de faire bombance mais bien de se sustenter pour une nuit qui s’annonce longue.

En Andalousie, les églises sont loin d’être désertées. La Noël s’appelle toujours la Noël et tant pis si une certaine communauté se sent offusquée ou stigmatisée.

Le grand repas familial, ce sera pour le jour de Noël.

 

El Niño dans les rues

 

L’Andalousie profite de chaque occasion pour processionner vierges et saints. La Noël ne déroge pas à la règle.

 

 

 

Ainsi, à Chiclana de la Frontera, les enfants habillés en berger accompagnent une représentation de l’enfant Jésus tout en interprétant les classiques du moment. Bien sûr, on n’atteint pas le décorum de la Semana santa mais la ferveur des participants n’est pas prise en défaut.

 

Du rouge et des raisins

 

La Saint-Sylvestre se déroule toujours en deux temps. Le repas familial et la fête entre amis. Impensable d’y déroger. Les parents sont les premiers à qui l’on présente ses voeux. Il est toujours temps de sortir après les douze coups.

Sortir en discothèques, sortir en des lieux bien ciblés pour y organiser un botellón (consommation souvent anarchique de cocktails détonants) et même sur la plage pour les privilégiés qui habitent en bord de mer.

Il est de bon ton de porter des dessous rouges pour passer le cap des douze coups. Une coutume qui remonte au Moyen-âge, semble-t-il ! Le rouge était alors la couleur associée aux sorcières, aux démons, au mal ! Dans le même temps, il évoquait le feu, le soleil, les bienfaits de la chaleur pour les travailleurs de la terre. Confrontés tant aux croyances ancestrales et païennes qu’aux préceptes du moment et spirituels, ceux-ci portaient du rouge sous leurs frusques… pour ne pas offenser un clergé peu complaisant.

 

 

Douze raisins pour les douze coups !

Cette tradition est plus récente... et mercantile. A la fin du XIXème siècle, un viticulteur de la région de Valencía croulait sous le stock de raisins, résultat de vendanges exceptionnelles. Il eut l’idée farfelue de marquer le passage à l’an neuf en croquant un raisin à chaque coup de gong. La coutume perdure encore aujourd’hui !

 

Le cartero real (facteur des Rois)

 

 

Les dernières notes du Minuit chrétien s’estompent qu’apparaît déjà un personnage de légende, le cartero real. Les enfants l’attendent avec impatience pour qu’il soit leur interprète auprès des Rois mages. Il lui revient le privilège de remettre les multiples requêtes des enfants sages à Melchior, Gaspar et Balthazar qui se chargeront d’y répondre. Chaque jour, il reçoit les doléances de chacun et les empile dans de grands sacs. Le quatre janvier au soir, accompagné de chars et de groupes musicaux, le cartero real s’en va accomplir sa mission.

 

Los Reyes están ahi

 

 

Le lendemain, au tour des Rois mages de faire leur joyeuse entrée en grandes pompes. Tout est réuni pour les accueillir… royalement. La cavalcade de Madrid attire chaque année près d’un million de curieux. Bonbons, caramels et petits présents sont jetés à tout venant. Des quantités monstrueuses !

Après s’être inclinés devant l’enfant Jésus, ils se consacrent à tous les enfants présents. Chacun d'eux a son préféré. Allez savoir pourquoi ! Il en fait son confident avant d’aller vite se coucher pour pouvoir se lever tôt et profiter pleinement de ses cadeaux… A moins de trouver un petit sac de jute empli du carbón del Rey mais destiné uniquement aux chenapans.

 

La curiosité reste la plus forte dans ce regard d'enfant.

 

Le rosco del Rey se décline en plusieurs goûts.

 

Il faudra aussi savoir qui sera le roi… de la maisonnée. Le rosco del Rey en décidera. Celui qui dénichera la fève aura l’insigne honneur de porter la couronne. Plutôt que la galette, les Espagnols lui préfèrent un gâteau rond sensé rappeler justement la couronne.  

 

 

Cinq semaines se sont écoulées. Les flonflons de la fête se sont tus. Les Rois mages s’en sont allés.

Autour des conteneurs à détritus, emballages et cartons déchirés s’empilent.

En famille – toujours en famille – chacun profite des présents. Les enfants étrennent leur nouveau vélo, les petits garçons leur nouvelle voiture téléguidée et les petites filles, leur nouvelle poupée… à moins que tout le monde ne soit encore autour de l’écran afin de tester la nouvelle console de jeux.

Les fêtes de fin d’année sont terminées que déjà le carnaval se profile à l’horizon. Et en matière de carnaval, on en connaît un bout dans la Bahía de Cádiz… mais là est une autre histoire.  



11/12/2013
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